Cultivons le changement avec Mélisanne

“Un potager urbain devient un oasis vert où notre perspective sur le monde peut changer, même si c’est juste pour quelques minutes par jour.”

Mélisanne, c’est la touche de couleur dans votre journée. De ses bandeaux pour cheveux colorés à son rire facile, autant vous dire que c’est une vraie boule d’énergie ! Toujours munie de sa trousse de secours personnelle, son calepin de note et une boîte à lunch étrangement volumineuse, Mélisanne est équipée pour faire face à toute éventualité ! Cela doit être dû à sa longue expérience d’agricultrice. Après tout, en tant que chef fermière de Montréal on ne sait jamais quelles surprises nous attendent sur le terrain… 


Mélisanne et son fameux sourire

Et si on faisait connaissance… ?

Comment es-tu tombée dans le monde de l’agriculture?

C’était dans le cadre de mes études en Éducation relative à l’environnement. Je cherchais un sujet qui touchait tous et chacun personnellement à tous les jours et qui pouvait avoir un impact sur la santé et l’environnement. L’alimentation était le sujet qui me semblait le plus utile et produire sa propre nourriture se présentait comme la façon ultime pour choisir des méthodes de production qui respectent davantage la santé et l’environnement. Puisque je voulais présenter le jardinage et l’agriculture comme moyen de s’impliquer, je devais moi-même savoir de quoi il en retournait. J’ai donc commencé avec un potager sur mon balcon, puis dans un jardin communautaire et enfin sur une parcelle dans une ferme urbaine. Dans ces trois projets, l’agriculture et l’entreprenariat ont pris le dessus, et avec le temps, sont devenus ma carrière.

Quel(s) changement(s) souhaites-tu apporter avec l’agriculture urbaine ?

Le rythme des saisons, le temps de croissance des plantes et la lenteur du processus sont des aspects de l’agriculture qui ne sont pas aussi présents dans le mode de vie urbain où tout peut aller très vite. Amener les gens à porter attention au temps et aux différences minimes des plantes d’une visite à l’autre est un aspect que peut amener l’agriculture urbaine. D’une certaine manière, un potager urbain devient un oasis vert où notre perspective sur le monde peut changer, même si c’est juste pour quelques minutes par jour.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton travail ?

Les plantes ! Être attentive aux détails de ces êtres vivants verts et interpréter les informations qu’ils communiquent est ce que je préfère dans mon travail d’agricultrice. Quand j’observe les potagers et effectue les tâches, je dois être présente dans le moment présent. Si je perds le focus, il y a des détails qui manquent et les plantes ou les agriculteurs ne seront pas aussi en santé que possible. Et malheureusement, les plantes ne peuvent pas me dire ce que j’ai manqué, alors si je le manque, ce ne sera peut-être pas possible de le rattraper.

Si tu pouvais travailler en agriculture n’importe où dans le monde, où irais-tu?

Quand on est agricultrice au Canada, les saisons sont le centre de tout. J’ai déjà eu la chance d’aider sur des fermes en Amérique latine et je me demandais toujours comment ils faisaient pour produire en continu durant toute l’année. Probablement que de vivre une année agricole entière dans le sud m’amènerait à changer le rythme et en découvrir un totalement nouveau. D’une manière, quand le contexte change autant c’est comme re-devenir agricultrice pour la première fois.

Si tu étais un légume, une herbe ou une plante, le-laquelle serais-tu ? Et pourquoi ?

Je réponds toujours: le poireau. C’est le premier semis à partir à l’intérieur dès le début février quand il fait encore froid et neigeux dehors, et le dernier à être récolté en novembre même après les premières neiges. C’est un compagnon tout au long de la saison agricole. Il est résilient et nécessite peu d’aide de la part d’une agricultrice. Il se conserve longtemps et est versatile dans la cuisine. Si quelqu’un me décrivait avec toutes ces qualités, ce serait tout un honneur pour moi!

Si tu devais donner un conseil ultime de jardinage, quel serait-il ? 

C’est le jardinier qui compte. Il faut adapter notre potager à nos réalités, nos besoins, nos ressources. Si on ne respecte pas nos capacités, il y a bien des chances qu’on perde intérêt et qu’on abandonne en cours de route. Nos plantes dépendent de nous du début à la fin et il faut être au rendez-vous pour que nos plantes soient en santé.